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20 septembre 2011 2 20 /09 /septembre /2011 18:06

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Ils ont encore été près de 8,5 millions cet été. 8,5 millions à choisir TF1 le mardi 13 juillet 2011 pour vivre le final de la saison 6 du célèbre docteur à la canne ! Pour la France, c’est tout simplement énorme. Pour le monde, ce n’est qu’une goutte dans l’océan des téléspectateurs qui sont accros aux prescriptions de celui qu’on ne présente désormais plus : le Dr. House. Figure phare du monde des séries aujourd’hui, véritable phénomène du monde de la petite lucarne, la série s’est imposée comme un monstre dans les audiences de nombreux pays sans que personne ne l’ait vraiment vu venir. Car oui, comment imaginer un jour que les spectateurs se rueraient sur une série dont le principe était de faire un catalogue des pires maladies qui existent, d’en faire crever un patient sur deux à chaque épisode, et de rajouter par dessus tout ça un médecin antipathique qui engueule et méprise ses patients ?! Il faut avouer, là-dessus, la FOX à fait fort. Mais le résultat est là : Dr. House est phénoménal, génial, inégalable, imperturbable… mais plus que pour deux saisons en fait…

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Eh oui ! FOX l’a annoncé à mots couverts mais c’est désormais un secret de polichinelle : la production de Dr. House sera stoppée au bout de sa huitième saison. Comment l’expliquer ? – Fort simplement : chute des audiences aux Etats-Unis. Et comment expliquer cette chute des audiences me demanderiez-vous ? Eh bien pour moi la raison est toute trouvée : c’est parce que, comme beaucoup de séries, notre cher Docteur a été trop gourmand : il a voulu manger plus que son estomac ne pouvait en contenir, il a voulu courir plus loin que sa jambe claudicante ne lui permettait… Résultat : il s’est essoufflé. Car oui… Si j’ai commencé mon article par un « ils ont été 8,5 millions » et non un « nous avons été 8,5 millions » c’est parce que je fais partie de ceux qui ont quitté le navire avant son arrivée au port. On me dit que House finira ses prescriptions à la fin de la saison 8 ? Eh bien laissez moi dire « ouf ! » Qu’il crève ce bon docteur ! Non pas que je lui souhaite du mal, bien au contraire ! La mort du Dr. House est la meilleure chose qui pourrait lui arriver au jour d’aujourd’hui car, comme beaucoup avant lui, Dr. House est une série qui n’a pas su s’arrêter à temps, qui n’a pas su mourir de sa belle mort. Quel paradoxe qu’une série miraculée – presque mort-née à la naissance – n’ait pas su comprendre l’importance de savoir bien finir… Au lieu de ça, Dr House devient un cas d’école : il rentre dans la catégorie des séries qui, à défaut d’avoir su sceller son statut de série culte, s’est laissé au contraire séduire par les chants des sirènes de l’audimat, la conduisant sur le chemin des simples « phénomènes » qui marquent une époque et sombrent ensuite avec elle… Diagnostic d’un naufrage…

 

 

 

 

Viens voir le docteur, non n’ais pas peur…

 

 

C’est le problème des relations qui durent trop longtemps. Parfois on reste avec quelqu’un en oubliant pourquoi on était venu vers lui, d’où la question qu'on en vient à se poser : « pourquoi rester ? » C’est ce qu’il est advenu du Dr. House : à ses débuts, quand on l’a rencontré, il avait ce petit truc en plus qui a fait qu’il nous avait séduit tout de suite. Et puis, chemin faisant, profitant du confort de la relation qu’il s’est tissé entre lui et nous, il s’est perdu dans son petit confort bourgeois, oubliant ce qui faisait autrefois son charme, conduisant ainsi sans le vouloir et sans s’en rendre compte le couple dans la lassitude… C’est pour moi le premier problème de cette série. Sur le long terme elle a oublié ce qu’elle était vraiment : une série borderline et non une série grand public. Il faut dire que cette série n’est pas produite n’importe où et dans n’importe quel contexte. La genèse de Dr House se trouve à la FOX, chaîne conservatrice américaine, qui à l’époque avait tout misé sur la télé réalité (comme quoi, les chaînes conservatrices d’un pays à l’autre se ressemblent) et avait du coup loupé l’envolée des séries. Alors que NBC avait son Urgences, que CBS avait ses Experts et qu’ABC allait avoir son Lost, la FOX n’avait toujours pas sa poule aux œufs d’or pour empocher sa part du magot. Son seul faire-valoir dans ce registre était ses traditionnels Simpson, mais qui ne correspondaient clairement pas au fameux format qui faisait fortune à cette époque. Il fallait un produit capable de concurrencer et de jouer sur le terrain des autres : c’est là que David Shore débarque pour proposer un mix entre Urgences et les Experts : je te prends un hôpital, je t’y fous un Horatio Caine à l’intérieur pour y résoudre des énigmes, et pour faire le lien, je te remplace les gangsters par des maladies. Banco pour la FOX. Pour elle tout le succès de la série se trouvera là-dedans : le thriller médical. On ne prend que des recettes qui marchent, le spectateur sera en terrain connu. On entendrait presque le refrain connu : « viens voir le docteur, non n’ais pas peur… » Seulement voilà, je pense que la FOX a toujours sous-estimé le vrai ingrédient de sa série : son docteur justement…

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Toujours perçu comme une véritable plus-value au thriller médical que la FOX proposait, le personnage du Docteur House est en fait, à mon humble avis, bien plus que ça. Le fait que la série soit rebaptisée au dernier moment du nom de son personnage principal plutôt que les titres prévus à l’origine, tel Chasing Zebras (expression de diagnosticiens que l’on pourrait traduire par « chercher l’erreur ») ou bien encore Circling The Drain (autre expression du milieu qu’on pourrait plus ou moins traduire par « s’accrocher à la vie alors qu’on est condamné »), cela témoigne déjà bien du fait qu’on a cerné un potentiel dans le personnage incarné par Hugh Laurie et qu’on n’avait pas forcément perçu auparavant. A mon sens, TOUT le succès de Dr. House ne repose QUE sur le personnage du Dr. House. Le thriller médical est bien gentil, il tient en haleine, il donne du grain à moudre, mais au final retirer le Docteur de la série revient à la tuer dans l’œuf. Pas convaincu ? Ecoutez de quoi parlent les gens quand ils vous parlent de Dr. House ! Ecoutez ce qu’en a retenu la critique ! On ne parle que de lui : ce docteur boiteux machiavélique. Peut-être avait-il été pensé au départ comme un personnage venant dédramatiser la situation afin de faire en sorte que cette accumulation de cas morbides ne dégoûte et ne fasse fuir les foules. Mais pour moi le résultat a été tout autre et il me semble que les scénaristes l’avaient bien compris et s’étaient engouffrés dans la brèche. Ce qu’on aime chez House, c’est qu’il possède toutes les caractéristiques du salopard antipathique et que pourtant, malgré tout, on arrive à nous le présenter comme le seul personnage sain de l’hôpital.

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Qu’est-ce qui fait que le Dr House nous dérange ? C’est parce qu’il envoie bouler toutes les convenances sociales. Il n’est pas tendre, il ne prend pas de gant, il parle crument de la mort, il veut les secrets et l’intimité tout de suite sinon il vient les chercher au bulldozer. Pourquoi ne peut-on pas s’empêcher de l’apprécier alors ? C’est simple : c’est parce qu’il a raison. Oui les convenances sociales et la société d’apparat cherchent à nous rendre la vie plus douce et moins brutale, mais dans la réalité ces convenances nous tuent. Quand un patient a le choix entre recouvrer la santé et garder la face, entre la vie et la morale, il choisit toujours le mensonge social. Les gens ne meurent pas de leur maladie dans Dr House, ils meurent de leurs mensonges. « Le patient ment », c’est le postulat du bon Docteur. Ainsi faut-il trouver la vérité en enquêtant. Ce n’est pas le corps ou l’ignorance médicale qui est un opposant à la bonne enquête du docteur, c’est le patient lui-même. Comment un homme ou une femme peuvent-ils être amenés à choisir la mort plutôt que la révélation de leur anomalie sociale ? Question éminemment intéressante, et pourtant le Docteur Gregory House semble le seul à se la poser. Les autres préfèrent se poser des questions sur le Dr. House lui-même, sur son comportement et sur ses méthodes plutôt que de questionner leur propre comportement et leurs propres méthodes. Le fou est toujours celui qui est seul. Les pires des maladies peuvent dès lors apparaître comme saines à partir du moment où tout le monde les partage. Voilà ce que House met en intrigue vraiment, et voilà, à mon sens, ce qui aiguise l’attention et l’intérêt des foules. House ose bousculer tout haut les conventions que nous n’osons qu’à peine frôler… La fiction qui questionne la réalité : au fond il n’y a que ça de vrai…

 

 

 

Acharnement thérapeutique ?

 

 

La première saison fut un succès, aussi bien au niveau des audiences que de la critique : la FOX a donc gagné son pari. Elle a sa poule aux œufs d’or, ne reste plus qu’à la faire fructifier. Et pour cela, le meilleur moyen reste encore de prendre les mêmes et de recommencer. Faut-il donc en vouloir à ce Dr. House de ne pas s’être arrêté à sa victoire de première saison, et d’avoir poursuivi sans cesse la même formule jusqu’à l’usure et jusqu’à l’épuisement ? Répondre oui à cette question serait condamner toutes les saisons 2 de l’univers télévisuel. Or, à mon sens, rempiler à nouveau n’est pas un souci si la suite est une progression et non une redite. Or, de mon point de vue, Dr. House n’est pas tombé dans le panneau pour sa première suite. Après tout, Shore avait reçu son blanc-seing de la part des téléspectateurs, les scénaristes savaient qu’ils avaient mis le doigt sur quelque-chose : Dr. House avait donc carte blanche pour repousser l’audace encore plus loin. Et ils auraient eu le tort de s’en priver ! Et, à mon sens, la saison 2 a permis d’asseoir le succès de House parce qu’il n’y avait justement plus qu’à creuser encore plus profondément, ce qu’ils ont fait. A regarder d’ailleurs les intrigues des deux saisons, elles répondent toutes deux d’une progression par rapport à la saison 1 et qui pourrait se résumer ainsi : « jusqu’où House peut-il bien aller ? » Après tout, être talentueux est une chose, mépriser la société en est une autre. Or, si une société ne peut se priver de talent pour prospérer, un talent ne peut se couper de sa société pour exprimer ce qui fait justement son talent. Ainsi House tombera sur le client de trop dans la saison 2 qui manquera de le faire tomber pour tous ses excès et bien évidemment pour toutes ses infractions. La question se posant à chaque fois : est-ce que cela coûterait tant que ça à l’intégrité de House de mettre de l’eau dans son vin ou bien est-ce à la société d’élargir sa marge de tolérance ? Dans la saison 2, House marque un point en obtenant la résignation d’une société : comment peut-on faire perdre du temps à un homme qui dépense toute son énergie à sauver des vies alors que la société elle, dépense toute son énergie pour qu’il respecte les codifications d’un ordre social qu’il ne cherche même pas à détruire ? La saison 2 ne fait que développer le propos amorcé par la première saison. D’ailleurs, lu comme ça, on ne peut que facilement se rendre compte à quel point le thriller médical n’est bien qu’un artifice formel pour permettre au vrai sujet de cette série de s’exprimer. Or, ce vrai sujet, c’est House lui-même…

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D’ailleurs, il me semble que la série a su prolonger encore sa réflexion jusqu’à la saison 3, maintenant ainsi sa belle dynamique. Après tout, à la suite de son procès, House le génie était dans un sentiment de toute puissance : il était adoubé par la société alors qu’il en méprisait les codes ; il était soutenu par sa patronne alors qu’il mettait son hôpital sans cesse en péril ; il fut enfin appuyé par son équipe alors qu’il les méprisait en permanence. Le génie peut-il être le tyran d’une société qu’il aide mais qui ne le comprend pas, voire ne le supporte pas ? Ainsi la saison 3 emmène-t-elle le personnage au plus loin de sa posture. En confrontation directe avec la société il va ainsi subir un attentat et ainsi frôler la mort. Après tout, si House désobéit aux convenances quand elles ne lui plaisent pas et que la société dit amen, pourquoi ceux à qui House ne plait pas se devraient-ils de s’y tenir ? A mon sens, cette saison est très intéressante, (bien qu’elle commence déjà à se diluer) car elle pose clairement la question de la nature de la douleur de House qui le rend si exécrable. Sa douleur à la jambe disparue, on se rend compte qu’une douleur persiste, ou plutôt revient. House est en fait un sociopathe : il souffre socialement. Peut-on ainsi vivre constamment en opposition et au mépris de la société qui nous fait vivre ? Le départ de son équipe en fin de saison 3 offre ainsi un postulat idéal dans la saison 4 pour explorer davantage le personnage. Et puis là – patatra ! – commence le début des dégâts…

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Au bout d’un moment, dans la vie d’une série, une question commence à se poser : celle de sa longévité, et des raisons qui justifieraient sa longévité. Bien évidemment, on fait durer une série parce qu’elle rapporte. Mais une série rapporte parce qu’elle satisfait le spectateur. Les années 2000 constituent un âge d’or de la série télé américaine. La marché est devenu énorme ; la concurrence se l’arrache d’où une hausse réelle de la qualité fournie. Le niveau est tel que l’exigence des spectateurs est devenu très élevée elle aussi. Risque-t-on de diluer la sauce plus que ne le permettent les idées en stock, ou bien privilégie-t-on l’image de marque du produit en l’arrêtant une fois le stock épuisé et ainsi relancer une autre franchise ? Paradoxalement – il ne faut pas croire – la deuxième option n’est pas tant idéaliste que ça. Au cours des années 2000, les séries ont globalement gagné en crédibilité auprès des spectateurs parce qu’enfin, elles proposaient des projets finis. Combien de Dallas, X-Files et d’autres encore se sont coulées et décrédibilisées en diluant, laissant ainsi leur univers incomplets et des fans frustrés et dégoutés ? La force des séries des années 2000 étaient qu’elles offraient enfin ce que le spectateur voulait vraiment : fini le stand alone et la fin interminable. Twin Peaks avait involontairement ouvert la voie avec ses deux seules saisons et y avait gagné ses galons, aussi bien dans les cœurs que dans les registres comptables. Ainsi, Dr House avait le choix, dès sa saison 4, soit de faire comme Six Feet Under, Rome, Battlestar Galactica et tant d’autres pour rester dans l’Histoire, ou bien se laisser tenter par le goût du dollar facilement gagnable. Malheureusement, FOX oblige, on peut imaginer que les pressions de la chaîne ont engagé la série vers la seconde voie.

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Pourquoi j’affirme que la saison 4 est un vrai tournant assumé de la série vers une dilution jusqu’à l'usure ? Il suffit de se concentrer deux secondes sur le principe de cette seconde saison pour le comprendre. Les trois larrons de foire de House partis, que fait House ? Il en prend trois nouveaux ? Et c’est reparti ! On ne reprend pas les mêmes mais on recommence… à zéro ! House entretient des relations électriques avec sa nouvelle équipe… comme dans la saison 1. Puis la saison suivante, on oblige House à se pencher sur son rapport à la drogue… comme dans la saison 2… Puis dans la saison qui suivra encore après, House devra lutter contre Foreman qui veut sa place… comme dans la saison 3 ! La magie de l’écriture. Bien sûr on change quelques têtes, on y rajoute un peu d’intensité mais au final l’immobilisme gagne, on ne développe plus mais on répète. Et c’est généralement là que Méphistophélès vient réclamer sa part : la série a vendu son âme au diable, alors il vient lui reprendre tout ce qui lui a donné…

 

 

L’hôpital qui se fout de la charité...

     

 

C’est horrible mais c’est ainsi. Il arrive à Dr. House ce qu’il est déjà arrivé à de nombreuses séries avant lui. A force de tirer toujours sur les mêmes cordes, à user toujours des mêmes ficelles, le spectateur se lasse et se dégoute de ce qu’il avait pourtant tant aimé auparavant. Et j’en veux à la FOX ! Car après m’avoir enlisé avec ses saisons 5 et 6, voilà que les saisons 1, 2 et 3 m’apparaissent plus fades que lorsque je les avais découvertes. Honte à eux… Et ce n’est là que la partie immergée de l’iceberg car, à entrer dans ce petit jeu, Dr. House s’est mis à se prendre les pieds dans le même tapis que toutes les séries qui se sont risquées au même petit jeu que lui… Ainsi, parmi toutes les petites morts du docteur House, la série a eu le droit au bon vieux classique : les morts surprises de personnages principaux ! Du jour au lendemain : Paf ! « Merde ! Cutner s’est suicidé ! » Mais pourquoi a-t-il fait ça ? « Ah ! Bah il était malheureux et on l’avait pas vu ! On a tous bien été bêtes d’être aveugles à ce point là… De ne pas avoir vu la détresse d’un homme qu’on côtoie tous les jours… » A dire vrai, House n’est pas si bête que ça : il ne pouvait pas voir la dépression de Cutner car elle n’existait pas, tout comme il ne pouvait pas anticiper un suicide qui n’était pas prévu ! C’est que l’acteur qui jouait Cutner avait participé à la campagne d’Obama et, suite à l’élection présidentielle de 2008, il s’est vu offrir un poste… que l’acteur a accepté tout de suite, claquant la porte du Dr. House du jour au lendemain ! Ainsi, la saison 5 a-t-elle été la saison où on a assisté à ce moment embarrassant : faire un épisode à l’arrache – sans l’acteur ! – pour justifier sa disparition. Autant dire que tout l’impact dramatique de cette disparition n’est absolument pas exploitée. Ils ne peuvent même pas jouer sur l’effet de suspens ni sur la dramaturgie. Le truc tombe là, comme un flan, et on assiste médusé au déroulement d’un épisode où on nous rappelle bien qu’en fait le Dr. House est une pure fiction avec des acteurs qui jouent ce qu’on leur demande de jouer et où le scénario est finalement écrit à l’arrache sans véritable logique dramatique mais au « comme on pourra ». Pour se remettre dedans après, c’est quand même difficile…

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Mais bon, la disparition de Cutner est-elle autant que cela un mal ? Car finalement, c’est un kyste qui s’était formé sur une tumeur. En effet, Cutner comme Numéro Treize et Tobb sont à classer au grand rayon de l’histoire des greffes rejetées. On renouvelle le casting. On y fout un Indien histoire qu’ils ne soient pas tous blancs, on y fout une nana histoire qu’ils ne soient pas tous mecs et on y fout un moche histoire qu’ils ne soient pas tous beaux. Au final : tous ces personnages ne sont que de nouveaux stéréotypes construits de toute pièce et à partir de rien, introduits seulement parce que les personnages de Foreman, Chase et Cameron avaient été dégorgés jusqu’au bout. Mais au final, comme avec toutes les greffes rejetées dans les séries, dès qu’on peut, on remet les anciens organes. Ainsi finit-on avec une saison 6 où Foreman, Cameron et Chase reviennent au premier plan, tandis que les deux autres sont plus mis au second plan. Une bonne façon de justifier la rengaine : finalement c’était mieux avant. On peut rajouter aux cas des greffes manquées les comas prolongés. C’est le cas notamment de la relation inteeeerminable entre House et Cuddy. Celle-ci durera de la première à la septième saison et se conclura finalement par… rien ! Bah oui ! Vu que l’actrice Lisa Edelstein n’a pas renouvelé son contrat ! Pas de vraie conclusion sur la relation House/Cuddy ! (Attendez-vous donc à une ouverture de la saison 8 sur un cercueil de Cuddy devant lequel on apprend qu’elle est morte par grand malheur d’une coloscopie ratée…) Et si on ajoute aussi à cela tous les prêchi-prêchas qu’il a fallu rajouter parce qu’on avait plus rien à dire sur House, on ne s’en sort plus. Et vas-y que je te comble les vides avec la séparation entre Cameron et Chase, ou bien avec celle entre Treize et Foreman, avant que je ne te les rabiboche pour qu’ils se séparent à nouveau ! Et vas-y aussi que je te sors un père à House, et que je profite de son enterrement pour donner l’illusion qu’on a encore des trucs à découvrir sur le personnage principal… alors qu’on a tout dit d’intéressant sur lui bien sûr ! Et vas-y enfin que je te fais des espèces de cross-over avec d’autres genres de séries, histoire de rendre le tout encore plus ridicule : genre House à la CIA, House sauve un dictateur africain, House à la plage, House sur la Lune, House soigne un extra-terrestre ! (Bon, les derniers je les ai inventé, mais qui sait jusqu’où ils auraient été prêts à aller !)

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Mais le pire de tout ça, c’est qu’à vouloir diluer la sauce coute que coute, en plus de toutes ces scories qui viennent polluer la série, il y a ce crime de lèse-majesté qui vaut à lui seul tous les autres, c’est celui qui a consisté à déconstruire ce que la série avait construit au départ. Le vrai massacre des saisons 5 et 6 : il est là ! Un rappel s’impose : pour moi je succès du Dr. House ne reposait pas sur le thriller médical mais sur ce personnage sain qui se confrontait à une société malade. Avec le départ de House en hôpital psychiatrique et sa cure, voilà que de sain, c’est lui qui devient le malade, tandis que la société et ses mœurs nous sont alors présentées comme saines ! C’est là la pire contradiction qui ait été faite au sein d’une même série ! Ainsi, après avoir construit son succès en tapant dans la fourmilière, en interrogeant les gens sur leurs mentalités et leurs comportements sociaux, voilà que la série fait volte-face pour nous présenter House comme un malade qui souffre et qui n’obtiendra le bonheur qu’en rentrant dans la norme. Les premiers épisodes au sein de l’hôpital psychiatrique sont d’ailleurs hallucinants tant ils cumulent les guimauveries et les bien-pensances que la série disséquait pourtant pour notre plus grand plaisir lors de ses premières saisons ! Pire encore, la série finit par emboîter le pas aux Frères Scott en proposant comme voie de résolution de tous ces problèmes la conformation pure et simple à la norme : House deviendra vraiment heureux quand il aura épousé une femme (…qu’on présente être Cuddy, mais bon : foutue coloscopie !), qu’il sera un bon patron gentil avec ses employés, qu’il empochera ses chèques sans remettre en cause le fonctionnement de son institution, qu’il dira bonjour à ses voisins et surtout quand il votera républicain ! (Bah oui ! Ce tournant là de la série nous fait quand même rappeler que c’est la FOX qui a la manivelle à bifton entre ses mains…) Et voilà comment, par appât du gain, on dévoie une série…

 

 

 

Conclusion

 

 

M’enfin bon ! Une fois encore vous me direz que j’y vais trop fort, que je fais mon rigoriste gaucho, mais je pense qu’au moins sur un fait, tout le monde sera d’accord : il est tellement meilleur de se mater cinq saisons pleines et entière d’un excellent Six Feet Under, avec un vrai début, une vraie progression et une vraie fin, plutôt que ces séries qui démarrent en trombe et finalement s’étiolent au fur et à mesure du temps, pour au final péter en eau de boudin comme un vieux pétard mouillé. Pour moi, malheureusement, Dr. House prend cette direction ci, comme X-Files l’avait pris avant lui, comme Dexter est en train semble-t-il de la prendre à son tour. Rare sont les séries qui, pour moi, tiennent le coup au-delà de cinq saisons. Il me semble qu’il serait tellement plus raisonnable que les producteurs l’acceptent et nous fournissent du coup des produits pleinement finis et irréprochables. Cela se fait déjà, c’est donc que c’est faisable. Et je suis persuadé qu’ainsi faisant les séries seraient encore plus rentables pour ceux qui les produisent. Regardez qui veut voir Dallas ou X-Files de nos jours ? Réponse : seulement ceux qui les ont vu au moment de leur passage et qui les revoient parce qu’ils sont nostalgiques du phénomène. Prenez maintenant ces séries là et comparez les à des monuments comme Twin Peaks qui, eux ont su s’arrêter à temps. Encore aujourd’hui vous avez des Allocinéens d’une vingtaine d’années qui la découvrent et en vantent les mérites comme l’une des séries phares de l’Histoire. Alors dommage pour Dr. House ! Dommage ! Car il ne tenait à rien que de simple phénomène, par essence passager, il ne devienne un monument, qui traverse le temps…. Le paradoxe a voulu que ça ne tienne qu’à très peu : il suffisait juste que le bon docteur accepte que toutes les séries sont amenées à mourir de toute manière…

 

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